28 Septembre 2019
Un extrait d'article en cette journée du droit à l'avortement
"L'extrait ci-dessous d'un procès-verbal de gendarmerie montre très clairement la place de la rumeur dans le processus d'accusation d'une femme.
Enquête suite à lettre anonyme dénonçant un avortement de Mme X, 25 ans, ménagère, mari prisonnier de guerre, internée.
Témoin n° 1 "...elle est réputée comme étant de mœurs légères et a beaucoup fréquenté les Allemands..."
Témoin n° 2 "...cependant à en croire la rumeur publique elle aurait fait un avortement. Il est notoire qu'elle a beaucoup fréquenté les Allemands et qu'elle a été bien critiquée à ce sujet..."
Témoin n° 3 "...tout ce que je puis dire c'est qu'elle a fréquenté les troupes occupantes..."
Témoin n° 4 "...la rumeur publique lui reproche d'avoir collaboré intimement avec les troupes d'occupation..."
Témoin n° 5 "...à en croire la rumeur publique elle passait pour être enceinte...".
Mme X "...je nie énergiquement les faits qui me sont reprochés..."
Ne pas savoir si cette femme a été tondue, ni si les faits reprochés sont exacts, n'a que peu d'importance dans ce cas.
On note que la multitude des témoignages à charge n'apporte, ici, pas plus de faits tangibles, ils jouent tous sur un même registre : celui de la réputation de cette femme."
http://liberation.3945.free.fr/page/reportage/mesreportages/femmes-tondues.html