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Blog historique sur la fin de la seconde guerre mondiale et l'immédiat après guerre. Je commence là où trop de livres d'histoire s'arrêtent. Je suis l'auteur des articles sauf mention contraire lapresguerreATyahoo.com

Prisonniers de guerre exécutés à Meymac, le témoignage d'Edmond Réveil

Je vous avais informé il y a quelque temps des révélations d'Edmond Réveil, un ancien résistant qui a assisté le 12 juin 1944, à l'exécution de 47 prisonniers de guerre allemands ainsi que d'une femme française travaillant pour la Gestapo

http://lapresguerre.over-blog.com/2023/05/un-resistant-de-correze-revele-l-execution-de-47-prisonniers-de-guerre-allemands-en-1944.html

Ci-dessous une petite mise en perspective

Le dernier témoin

"Il n'en avait jamais parlé. À 98 ans Edmond Réveil, ancien membre de la Résistance durant l'Occupation allemande, a choisi une assemblée générale de l’Association nationale des anciens combattants pour révéler que sa section des Francs tireurs partisans (FTP) de Meymac, en Corrèze, avait exécuté 47 prisonniers de l'armée allemande et une femme française, rapporte Le Parisien. C'était le 12 juin 1944 et Edmond Réveil avait 18 ans. Il est aujourd'hui le dernier témoin du massacre encore en vie." (1)
"Edmond Réveil, 98, is the last surviving member from the local branch of the FTP (Francs-tireurs et partisans) Resistance group, and personally witnessed the mass execution at a place called Le Vert." (2)

Les faits

1) Tentative de libération de Tulle

"Quartier du Trech, Tulle. 8 juin 1944. (...) Les violents combats qui ont débuté la veille dans les rues de la ville, entre francs-tireurs partisans (FTP) et armée allemande, ont repris au petit matin. Il est 15 heures. Les échanges de tirs se concentrent désormais autour de l’école normale de filles, où s’est réunie une partie des forces occupantes. Le bâtiment est totalement encerclé par les hommes du maquis. Pour la Wehrmacht, la situation est désespérée (...)
Pour les Allemands, encerclés et menacés par les flammes, hors de question de se rendre à ceux qu’ils considèrent comme « terroristes ». Ils tentent d’abord une sortie. C’est un désastre. Une quarantaine d’assiégés tombent “comme des quilles”, pris sous le feu des tirs croisés de la résistance. (...)
Une heure plus tard, devancé par un groupe de prisonniers français, le reste des soldats de la garnison allemande se résout à rendre les armes. Seule une poignée d’Allemands, cachés dans les caves de l’école, réussiront à s’échapper de cet étau. (...)
l’annonce de l’arrivée de la division blindée SS de la Das Reich, sonne pour les maquisards comme un ordre de repli forcé. Il faut quitter la ville. Le contingent de prisonniers allemands issu de l’école normale, grossi par l’arrivée d’autres soldats capturés, est exfiltré par le nord de la ville."
(3)

2) Des prisonniers à prendre en charge

"les gars de Treignac qui refusent de prendre en charge les Allemands, et ceux de Meymac qui se retrouvent avec ce fardeau sur les bras." (3)

"Dans un témoignage enregistré, Réveil raconte que les 30 hommes de son détachement escortaient des prisonniers allemands dans la campagne à l’est de Tulle [en Corrèze] quand ils ont reçu l’ordre de les tuer” (4)

"Réveil had taken part in the Tulle uprising, and then joined the escort party which headed east. "None of the Resistance groups wanted anything to do with (the prisoners). We didn't know what to do with them," he recalled.
At one point some of the prisoners - those who came from countries like Poland or Czechoslovakia - were separated from the rest. And it was around 50 of them who arrived at Meymac on 12 June.
"If a prisoner wanted to take a pee, he needed to be guarded by two of us. We hadn't planned anything for food. We were under the orders of an Allied command centre at Saint-
Fréjoux, and they were the ones who gave the orders to kill them," he said."
(2)

N'auraient ils pas pu au moins tenter de joindre la Croix-Rouge, la Cimade, des prêtres ou des pasteurs qui auraient pu les décharger de ce poids logistique ?

"C'est là qu'un groupe interallié à Saint-Fréjoux (Corrèze) et duquel dépendent les Francs tireurs partisans de Meymac leur donne l'ordre d'abattre leurs prisonniers." (1)

3) Tuer quarante sept soldats

"The commander of the detachment, whose code name was Hannibal, "cried like a kid when he got the order. But there was discipline in the Resistance," remembered Réveil.
"He asked for volunteers to carry out the order. Every fighter had someone to kill. But there were some of us - and I was one of them - who said we wouldn't take part.
"It was a terribly hot day. We made them dig their own graves. They were killed and we poured quicklime on them. I remember it smelled of blood. We never spoke of it again."
(2)

4) Et une femme

"Among the prisoners was one French woman who had collaborated with the Gestapo. None of the Resistance fighters wanted to shoot her, so they drew lots and she was killed." (2)

La trace dans l'histoire

1) Une découverte ...

"L'événement était seulement mentionné dans un ouvrage de l'historien Bruno Kartheuser. Mais dans la mémoire collective, le récit n'existait pas." (1)
"Si l’histoire du massacre de Tulle a toujours été bien documentée, les informations concernant le destin funeste de ces prisonniers en revanche, resteront pendant des décennies confidentielles, entourées de zones d’ombre. (3)

2) ...Pas très surprenante

"Ce témoignage est-il une surprise pour vous ?
Fabrice Grenard - C'est une confirmation puisqu'on savait que des soldats allemands avaient été faits prisonniers lors des événements des 7 et 8 juin 1944 à Tulle, ils avaient été emmenés par le Maquis et on perdait ensuite leur trace. Le commandant régional avait, d'ailleurs dans un témoignage, expliqué qu'il avait donné l'ordre de les exécuter, donc ce n'est pas une surprise, c'est une confirmation. Ce qui est nouveau, c'est qu'on sait maintenant combien ils étaient, 47. Et on sait l'endroit, Meymac."
(5)
Le colonel Rivière, chef interrégion de la Résistance, sera un des rares à témoigner, en assumant l’ordre d’exécution de ces soldats, après leur avoir proposé de rejoindre les MOI (main-d’œuvre immigrée)." (3)

"French and German historians have confirmed the outline of the events as described by Réveil." (2)

Contexte

1) Les pendaisons de Tulle

"Après l'attaque de l'école normale de Tulle par les FTP, les Allemands avaient répliqué par la pendaison de 99 habitants de la ville." (1)
"Shortly after D-Day on 6 June 1944, Resistance fighters staged a kind of uprising in Tulle, capital of the Corrèze department, during which between 50 and 60 German soldiers were taken prisoner. But on June 9 the Germans retaliated with the public hanging of 99 hostages." (2)

2) Le massacre d'Oradour sur Glane

"Not far from there on 10 June, the SS Das Reich Division massacred 643 people in the village of Oradour-sur-Glane, which has remained an empty monument ever since." (2)

Droit de la guerre

1) Nécessité fait loi ?

"Est-ce que ces résistants auraient pu faire autre chose que d'exécuter ces prisonniers ?
Fabrice Grenard - C'est terrible, mais je pense que malheureusement, il n'y avait pas d'autres solutions. Le commandant Rivière- le colonel Godefroy, qui a donné l'ordre d'exécution, a expliqué pourquoi il avait décidé de passer par les armes ces soldats allemands. Le maquis n'avait pas les moyens de garder 47 personnes à nourrir, à interner, le maquis n'en avait pas les moyens, c'était très compliqué."
(5)
la fiche de Louis Godefroy le portail de l'ordre de la Libération nous précise pourtant : "Jusqu'à la Libération, il continue son action qui coûte à l'ennemi 3 000 pertes en hommes, 7 000 prisonniers et un matériel considérable." (6)

Dans les mêmes circonstances de la Libération, il lui a donc été possible de garder 7000 prisonniers en vie ...

De plus Edmond Réveil explique :
"Ils [les prisonniers] étaient surpris de notre niveau d’armement et de la qualité de notre nourriture »" (3)

"Fabrice Grenard - Ils ne pouvaient pas non plus les relâcher, car ces Allemands avaient trop d'informations sur le fonctionnement du maquis. Et puis il faut bien rappeler que les Allemands eux-mêmes ne considéraient pas les maquisards comme des soldats réguliers, mais comme des terroristes, donc à chaque fois qu'un maquisard était fait prisonnier par les Allemands, il était exécuté sommairement." (5)

2) Nécessité du respect de la loi

Pourtant, le principe d'exception d'inexécution des conventions ne s'applique pas à celles qui concernent les droits humains. Par exemple, si l'état A respecte un accord commercial et l'état B ne le respecte pas, l'état A sera fondé à ne pas respecter cet accord vis à vis de l'état B. En revanche si l'état A respecte les Conventions de Genève et l'état B ne les respecte pas, l'état A ne peut pas refuser de respecter lesdites conventions vis à vis des prisonniers de guerre ressortissants de l'état B. Il a d'ailleurs et à juste titre été reproché aux Allemands de ne pas avoir respecté les conventions de Genève vis à vis des prisonniers russes puisque la Russie n'aurait pas signé lesdites conventions, ce qui était d'ailleurs faux, puisque la Russie a signé ladite convention en 1867  (7) et est un des signataires originels des conventions de La Haye de 1899 et 1907

D'ailleurs Edmond Réveil qui était déjà contre la violence à l'époque des faits :
"He is a wonderfully kind old man. He was against violence and in the Resistance he never fired a shot." [Philippe Brugère, maire de Meymac] (2)

exprime aujourd'hui clairement son désaccord :

" "On peut le dire, c’était une faute de tuer comme ça des prisonniers de guerre", considère aujourd'hui Edmond Réveil, qui vit toujours à Meymac." (1)
et le New York Times parle de "tache sur le mouvement héroïque de la Résistance" (4)

Et si la vraie raison de l'exécution était celle-ci ?
"Hannibal, notre chef, qui parlait l’allemand, les a pris un par un. Il leur a demandé s’ils voulaient passer dans la Résistance, car nous avions les MOI avec nous. Ils n’ont pas voulu, sauf des Tchèques et les Polonais. C’était normal qu’ils refusent. Quand ils ont appris le sort qui les attendait, ils ont réagi comme des soldats » explique l’ancien agent de liaison. La suite, Edmond Réveil, l’a déjà racontée. Les soldats qui creusent eux-mêmes leur tombe. Le devoir de ne rien dire, car « on ne tue pas des prisonniers »." (3)

Le silence

"Le résistant n'avait jamais fait part de cette histoire, même pas à sa famille. "Il s’est dit que s’il n’en parlait pas, personne jamais ne le saurait", partage au Parisien Joël Bezanger, conseiller municipal de la commune et ami d'Edmond Réveil." (1)
"Réveil, whose codename in the war was Papillon (Butterfly), kept the secret for 75 years, even from his family." (2)

1) En dépit de fouilles dans les années 60

a) En 1967 selon certaines sources

"En 1967, 11 corps ont été inhumés, pourquoi rien n'est-il sorti à ce moment-là ? Pourquoi n'a-t-on pas continué à chercher ?
Fabrice Grenard - Peut-être, car l'exécution de soldats allemands qui auraient peut-être dû avoir le statut de prisonnier de guerre est quelque chose qui pose problème, il ne fallait pas noircir l'image de la Résistance en 1967."
(5)

"Cette sombre affaire de prisonniers allemands exécutés dans les bois de Meymac en 1944, André Niréli, un habitant de cette commune du Plateau de Millevaches, ne l'a pas connue à proprement parler. (...) l'enfant de 10 ans qu'il était en 1967, n'avait pas résisté à la curiosité de regarder, en cachette, la première d'exhumation de ces soldats allemands." (8)

"Local historians said that in 1967 11 German bodies were exhumed from Le Vert but the excavations stopped, and no records were kept of the exact place of the dig. Given the still raw sensitivities just 23 years on - the operation was cloaked in secrecy.
However, a local man who was a young boy in 1967 remembers seeing the excavations, and he has given a rough indication of where the graves of the remaining 40 or so soldiers may be."
(2)

b) En 1969 selon d'autres sources

"Dans sa ferme, André Nirelli nous attend. C’est dans sa grange que les prisonniers allemands ont passé leur dernière nuit. À l’âge de 10 ans, en faisant l’école buissonnière, cet héritier de l’histoire avait aussi assisté à la première fouille, celle de 1969, qui avait permis l’exhumation du corps de Johannes Niewels." (3)

"En 1969, une première exhumation avait permis de sortir onze soldats de terre." (9)

2 ) En dépit de l'existence d'autres cas en France

"Ce qu'il s'est passé en Corrèze n'est pas un cas isolé, on trouve dans d'autres départements des exécutions de soldats prisonniers allemands au cours de l'été 1944." (5)
Quelques captifs et une femme de Nontron ont été exécutés parce qu'il était impossible de faire des prisonniers pour garder sa mobilité, les autres prisonniers ont été relâchés (10)

Le 9 septembre 1944, 17 soldats allemands prisonniers de guerre dont Andreas Greuel ont été exécutés à Coussay les Bois, les faits ont été médiatisés grâce aux démarches de son fils Rudolph (11) (12)

"cinq femmes allemandes, auxiliaires de l’armée allemande, exécutées sommairement en septembre dans le (...) village de Saint-Cyr dans la Vienne" (13) (14) (15)

La vérité sur les exécutions de Meymac aurait pu être découverte plus tôt si les résistants opérant dans le secteur avaient été systématiquement interrogés aussi bien après la libération du territoire qu'au moment des fouilles. Au lieu de cela il a fallu attendre qu'un ancien résistant parle spontanément.

La révélation

"Then unexpectedly in 2019 he rose at the end of a local meeting of the National Veterans' Association and announced he had something to say.
Meymac's mayor Philippe Brugere told the BBC that it was like a weight had been lifted from Réveil's mind.
"Over the years he had plenty of opportunities to tell the story, and he never did. But he was the last witness. It was a burden to him. He knew that if he didn't speak out, no-one would ever know."
Before local authorities could take further action, however, Covid struck. It was only a few weeks ago that the case was re-opened, and the story broke in the local newspaper La Montagne on Tuesday."
(2)
"Réveil, who became a railway-worker in later life, is "somewhat overwhelmed by the media attention", said Brugère." [Philippe Brugère, maire de Meymac] (2)

L'avenir

1) la recherche de la vérité

"Son témoignage a été enregistré et va permettre d'organiser des fouilles pour tenter d'exhumer les corps qui gisent probablement toujours à Meymac. Le maire de la commune dit qu'il n'était "pas du tout au courant" de cet événement et il n'existe d'ailleurs aucune trace de ces dépouilles dans les archives municipales." (1)

"Le nonagénaire dit maintenant vouloir que les descendants des prisonniers exécutés sachent ce qui est arrivé à leurs aïeux. L’ONAC, l’Office national des anciens combattant, a annoncé que des analyses par géoradars devaient être conduites en juin en vue d'une exhumation dans le courant de l'été. L'objectif est que les services allemands pour les sépultures de guerre puissent, à terme, prendre en charge les dépouilles." (1)
"Monsieur Réveil est vraiment en attente qu'on aille au bout de cette démarche d'exhumation. Je pense qu'il a gardé ce secret pendant près de 60 ans. C'est quelque chose qui lui faisait mal. Il s'est exprimé sur cette exécution par rapport aux familles allemandes. Il souhaite que les enfants ou les petits-enfants de ces personnes qui ont été exécutées sachent ce qu'elles sont devenues. D'autre part, il souhaite s'exprimer par rapport au devoir de mémoire, par rapport aux nouvelles générations. Il veut que tout le monde sache ce qui s'est passé à Meymac. Monsieur Réveil, comme moi, pensons qu'il faut regarder l'Histoire droit devant nous." (16)

"All he wants now is for the dead soldiers to be remembered, and their families to be told where they lie. And perhaps for a small memorial to be put up at the spot." [Philippe Brugère, maire de Meymac] (2)

"In the coming weeks officials from the German War Graves Commission (VDK) are expected in Meymac. Their first task is to use ground-penetrating radar to establish the exact site of the graves." (2)

"On a vraiment espoir d'aller au bout", estime Xavier Kompa le directeur départemental de l’Office nationale (sic) des anciens combattants et des victimes de guerre (ONACVG) de la Corrèze, sur franceinfo mercredi 16 août, quelques heures avant le début des recherches à Meymac.
Les fouilles pour exhumer les corps de 46 soldats allemands et d'une femme accusée de collaboration abattus par des résistants français en 1944 doivent commencer, ce mercredi après-midi, à Meymac en Corrèze. Elles font suite aux révélations d'Edmond Réveil, ancien résistant, en mai, au sujet de ces exécutions. (...)
En juin, l'ONACVG, qui travaille en lien avec la Volksbund, l'association allemande en charge des sépultures militaires, a géolocalisé un endroit sur Meymac qui ressemble étonnamment à une fosse commune, notamment au niveau de la dimension. Il y a des effets métalliques. Il faut savoir que les soldats allemands ont été exécutés avec leur uniforme, avec leurs apparats, avec leurs médailles militaires, donc, a priori, les résultats sont suffisamment probants pour qu'on engage des fouilles, qu'on engage des frais, pour aller au bout de la démarche. (...)

Avant d'être rendus, ces corps vont être entreposés sur Meymac, puis vont partir à l'Institut anthropologique de Marseille, où des scientifiques vont étudier les ossements, les cheveux et les uniformes de façon à retrouver l'identité de ces soldats. Une fois qu'on aura retrouvé l'identité de ces soldats, c'est l'Allemagne qui va contacter les familles. Les familles auront le choix pour que le corps revienne en Allemagne ou qu'il soit inhumé dans un cimetière militaire allemand en France.
Concernant l'ONACVG, nous avons en charge une femme qui a également été exécutée. Elle était française, elle collaborait, donc elle a été exécutée au même titre que les Allemands. Par contre, c'est à nous, l'ONACVG, de retrouver son identité."
(16)

"Journaliste pour l’hebdomadaire Die Zeit, Tanja Stelzer suit l’affaire des soldats allemands de Meymac depuis la prise de parole d’Edmond Réveil, en mai dernier. Elle l'a déjà rencontré. Elle était aussi présente lors des deux opérations de fouilles, lancées de concert par les autorités allemandes et françaises, en vue de l’exhumation des corps de ces militaires. Au hameau d’Encaux, où se concentrent les recherches, elle a pu assister à l’espoir suscité par le sondage du sol au géoradar, en juin, puis à la déception du mois d’août et des coups de pelles infructueux." (3)

 "Il [André Nirelli ] ne s’étonne guère de l’échec des dernières recherches. « Pour moi, ils ne sont pas allés assez loin dans le bois. Ils ont fouillé sur la droite du chemin. Il faudrait plutôt aller à gauche du sentier, après le virage », nous glisse l’agriculteur" (3)

"En parallèle de ces reportages, la journaliste a mené des recherches historiques, afin de retrouver de potentielles familles de prisonniers déjà identifiés. En se basant sur le travail d’Hervé Dupuy, un historien corrézien qui avait obtenu la liste de noms issus d’une précédente exhumation, en 1969, où seulement 11 des 46 soldats avaient été exhumés, Tanja a pu retrouver la trace de Birgit Mertens." (3)

2) La mémoire de la vérité

"Frédéric Pommier - des aveux qui bouleversent et chamboulent en même temps le récit mémoriel puisqu'ils viennent nous dire que des atrocités ont aussi été commises par des résistants, cette histoire c'est donc au départ celle d'un vieil homme qui veut se libérer de son passé mais c'est aussi la nôtre, celle de notre pays qui dans un bon nombre de villages, dans bon nombre des familles doit encore receler bon nombre de secrets de guerre" (17)

3) La gestion de la vérité

a) par les destinataires de l'information

"Meymac. 27 septembre 2023. 10 heures. Nous avons rendez-vous au Moulin des Farges. Sous la tonnelle de cette maison d’hôtes, Tanja Stelzer, journaliste de l’hebdomadaire allemand Die Zeit, et Birgit Mertens, petite-fille de soldat allemand disparu à Meymac en juin 1944, nous attendent. (...) Dans quatre heures, elles vont rencontrer Edmond Réveil (...)
Le grand-père de Birgit Mertens était un soldat allemand, membre du 8e bataillon du 95e régiment de sécurité de la Wehrmacht, basé à Tulle. Les 7 et 8 juin 1944, il a participé, comme Edmond Réveil, aux violents combats dans les rues de la préfecture, où il a finalement été fait prisonnier. Johannes Niewels, on le sait, fait partie de ces soldats allemands, qui ont été envoyés à Meymac avant d’y être exécutés quelques jours plus tard. Il avait 39 ans. Près de quatre-vingts ans plus tard, sa petite-fille a fait le voyage en Corrèze et espère y trouver des réponses. « Depuis que Tanja m’a contactée (lire ci-contre), j’ai l’impression d’être dans un film », confie cette Allemande de 58 ans. Un film sur le besoin de savoir, comme aurait pu l’imaginer Jean-Pierre Jeunet, réalisateur d’« Un long dimanche de fiançailles ».
Dans cette famille du centre de l’Allemagne, le mystère entourant la mort du « soldat » Johannes en France, a laissé un vide sur plusieurs générations.
« Jusqu’à la fin de sa vie, ma grand-mère Agatha n’a cessé d’attendre, tous les soirs à la fenêtre, le retour de son mari, raconte Birgit. Elle est décédée en 1966, sans savoir. Ma mère, de son côté, a vu son père pour la dernière fois à l’âge de ses trois ans, lors d’une permission. Nous avons appris que son corps avait été découvert à Meymac, en 1970. Sa plaque militaire, un portefeuille et un stylo encre avaient alors permis de l’identifier. Il a été enterré au cimetière de Berneuil, en Charentes. »
Birgit Mertens, petite-fille de Johannes Niewels"
(3)

b) Par le détenteur de l'information

"En plus des interviews, l’ancien maquisard reçoit du courrier, plus ou moins bienveillant. L’une des dernières lettres disait : « Vous, vous êtes vivant. Pas eux ». « Mais heureusement que vous êtes vivant, et heureusement que vous avez parlé de tout cela », le réconforte Birgit." (3)

 

Notes

(1) Un résistant de Corrèze révèle l'exécution de 47 prisonniers de guerre allemands en 1944
Glenn Gillet, Le 16/05/2023 à 11:35
https://www.bfmtv.com/societe/un-resistant-de-correze-revele-l-execution-de-47-prisonniers-de-guerre-allemands-en-1944_AN-202305160373.html

(2) By Hugh Schofield
French Resistance man breaks silence over German prisoners executed in 1944    Published 16 May
https://www.bbc.com/news/world-europe-65613900

(3) https://www.lamontagne.fr/meymac-19250/actualites/les-lettres-d-un-soldat-allemand-menent-sa-petite-fille-jusqu-en-correze_14392813/

(4) https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-l-etranger-l-execution-de-47-soldats-allemands-en-1944-revelee-par-son-dernier-temoin-francais (réservé aux abonnés)

(5) Publié le 16/05/2023 à 16h14 Écrit par Justine Salles et Cécile Gauthier
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/correze/tulle/video-execution-de-47-prisonniers-allemands-en-1944-en-correze-ce-n-est-pas-une-surprise-c-est-une-confirmation-pour-l-historien-fabrice-grenard-2774490.html#Echobox=1684246875

(6) https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/louis-godefroy

(7) https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_parties_to_the_Geneva_Conventions#Parties_to_the_1864_Geneva_Convention

(8) https://www.lamontagne.fr/meymac-19250/actualites/comment-un-agriculteur-ayant-fait-l-ecole-buissonniere-en-1967-a-permis-de-retrouver-la-fosse-commune-de-meymac_14310551/ (réservé aux abonnés)

(9) https://www.lamontagne.fr/meymac-19250/actualites/prisonniers-allemands-tues-a-meymac-ce-que-l-on-sait-des-onze-soldats-exhumes-en-1969_14333113/ (réservé aux abonnés)

(10) L'épuration, Herbert Lottmann, P 40 41

(11) Prisonniers de guerre et fusillés, Hervé Cannet, Libération, 30 04 2010

(12) The French village that wants to forget, Charles Bremner, 12 06 2010

(13) http://www.historien-sans-frontiere.com/2017/01/26/enquete-sur-les-femmes-allemandes-oubliees-depuis-1944/

(14) Laurent Busseau http://www.rue89.com/2010/09/03/ma-douloureuse-enquete-sur-les-allemandes-fusillees-a-saint-cyr-165195

(15) http://rue89.nouvelobs.com/2012/10/13/mon-enquete-surprises-sur-les-jeunes-boches-fusillees-du-poitou-236051

(16) https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/exhumation-des-corps-de-soldats-allemands-a-meymac-on-a-vraiment-espoir-d-aller-au-bout-confie-le-directeur-de-l-office-nationale-des-anciens-combattants-de-la-correze_6009035.html

(17) Arte, 28 minutes, 18 août 2023 https://www.arte.tv/fr/videos/116339-003-A/correze-des-aveux-ramenent-les-crimes-de-guerre-a-la-surface/

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